Orélie Fuchs
"Le langage est le médium d'Orélie Fuchs, qu'elle choisisse de le mettre en situation dans l'espace public ou dans l'architecture, ou qu'elle entreprenne de le reconstruire à travers des textes qui hésitent entre théâtre et poésie et sont à la fois poème et drame, mais ni l'un ni l'autre, comme si l'ambition de l'écriture la poussait à chercher une langue plus originaire que celle que canalisent les genres littéraires établis par la tradition. Invitée en résidence à la Comédie de Genève en 2002 pour y écrire un texte destiné à la scène, elle n'oublie pas qu'elle est plasticienne et déroule une grande banderole sur le sol du couloir qui conduit les comédiens et les personnels techniques vers les coulisses. On peut y lire "comme tu respires" deuxième temps de l'accusation bien connue qui commence par "tu mens" mais aussi rappel de cette autre donnée fondamentale du jeu théâtral qu'est la gestion du souffle. En septembre 2003, Orélie Fuchs met en scène L'acteur dit: Le titre devient didascalie puisqu'il énonce, par l'ouverture des deux points, que l'acteur parle sans délai, comme si le temps de l'écriture et celui du jeu avaient fusionné. Avec Théâtre pour une gare, la prise de parole devient le fait de chacun, spectateurs et acteurs. Le texte circule entre tous, et le montage de fragments est abandonné au hasard des enchaînements. Pour les indiens (en massepain) s'achève par une hypothèse plus radicale encore sur l'usage et surtout, l'usure du langage..."
Hervé Laurent, revue Swiss Art, février 2003
Tentatives de fusion de l'espace et des mots
La poésie est un oeil de verre (redoutable)
Sérigraphie sur papier
160 épreuves noir-blanc + 10 épreuves en couleurs
2019
Passage
Sérigraphie sur sapin, 27x27x5cm
10 épreuves numérotées
2017
Epitaphe pour vivant
Epitaphe pour vivant
Les rapports que l’homme entretient avec les mots (et par extension le rapport des mots à la matière) m’ayant toujours fascinée, j’ai choisi, par ce travail, de questionner ces deux types de rapports en un seul objet.
La pierre, un granit clair, sur lequel j’ai décidé de déposer en sérigraphie
un texte en noir :
Simplement saluer l’air devant moi.
Une invitation à (r)établir un rapport à notre corps vivant, respirant, sensible et précieux, réinstaurant par la même occasion de l’importance à l’instant présent.
Cette phrase est une porte. Elle permet une ouverture sur soi-même, un retour
à notre propre intimité. (La respiration est un incessant va et vient entre le dedans et le dehors. La poésie aussi.)
Pour finir, le lecteur - à la fois lecteur et regardeur - est confronté à un volume compact, inatteignable en son cœur. Un rappel de notre finitude, du mystère vivant et de notre désir de mots.
90 (+10 épreuves d’artiste) estampes, numérotées et signées, 2016.
Sur les planches
"Sur les planches" - 3 des 6 poèmes sur planches, théâtre Grü, Genève - 2012
Théâtre T/50, Genève - 2005 à 2016
Texte mis en place lors de la création de mon spectacle Foudre (comme le silence du monde)
Nombreuses propositions 2000-2012
Ecole supérieure des beaux-arts de Genève, Comédie de Genève, Usine Kugler Genève, Promenade Saint-Antoine Genève, Villa du Parc Annemasse.
SI LES MOTS SONT DES BRIQUES, UN JOUR, JE CONSTRUIRAI DES MAISONS. L'AIR EST PLEIN DE NOS MOTS, ILS PASSENT DANS NOS
POUMONS, NOTRE GORGE, ET FINISSENT LIBRES, REJOIGNANT UN ECHO. AUTANT DE PETITS VOLUMES S'EVADANT DE NOS CORPS, JE
REGARDE LE CIEL REMPLI DE TOUTES CES VOIX. JE ME DEMANDE D'OU NOUS VIENT CETTE ASSURANCE DE LA PAROLE, J'IMAGINE
QUE LE VENT NOUS A OUVERT LA BOUCHE... PEUT-ETRE LE MONDE SOIT-IL ETRE DIT POUR EXISTER... "CE N'EST PAS DIT" AFFIRMENT
LES GENS QUAND QUELQUE CHOSE N'EST PAS CERTAIN. LES RIVIERES, LES FORETS, LES MONTAGNES, DANS UN BRUISSEMENT,
SOUFFLENT TOUT. JE ME DEMANDE QUELLES PROPORTIONS PRENDRAIT LE MONDE SI LES PAROLES PRENAIENT FORMES, ET DE
QUELLES FORMES IL S'AGIRAIT. POUR LE MOMENT, VOUS POUVEZ GRATTER LES MURS COMME DES BILLETS DE LOTERIE, VOUS
DECOUVRIREZ DES POEMES. LES BRUITS QUI COURENT REMONTENT LE TEMPS ET INVENTENT NOS FABLES.
Texte inscrit sur le pourtour de la Villa du Parc, Annemasse, 2002